Rien ne sert de courir; il faut partir à point… La Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue… Celui dont on apprend encore les fables à l’école, Jean de la Fontaine, est né il y a plus de 400 ans. Il a laissé en termes de patrimoine quelques 250 fables. Se moquant gentiment des travers de ses contemporains, ces écrits résonnent toujours en nous et conservent toute leur impertinence.
Histoire de le faire revivre un court instant, soit la durée de la lecture de ce billet, évoquons quelques fragments de sa vie que vous ne connaissiez peut-être pas encore.
Fabuliste ou avocat ?
En premier lieu, nous ne pouvons imaginer une minute un monde sans les fables de la Fontaine. Celles-ci ont rythmées le début de nos études, nous aidant à faire fonctionner notre mémoire toute neuve de l’époque. Pourtant, il faut savoir que Jean de la Fontaine, né en 1621, n’avait pas pour projet de devenir écrivain.
Sa famille, plutôt aisée, le dirige vers des études d’avocat qu’il suit à Paris. Il épouse ensuite la cousine d’un autre écrivain, Jean Racine, avant de reprendre l’activité de son père. Ainsi, il devient maître des Eaux et Forêts, ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui, ingénieur en eau et forêt. Ses déambulations dans la nature amenées par son métier lui inspirent bon nombre des fables que nous connaissons.
Il rencontre Nicolas Fouquet et Charles Perrault
Sa carrière se poursuit à Paris. Il commence à fréquenter les salons littéraires et abandonne peu à peu son ancien métier. Il a déjà produit plusieurs textes et sa rencontre avec Nicolas Fouquet va lui permettre d’en vivre. Ce dernier, en tant que Ministre des Finances, lui verse une « pension poétique » qui va lui permettre de se consacrer entièrement à l’écriture. Mais Nicolas Fouquet ne fera pas de vieux os dans son ministère. Accusé de détournement d’argent, il est condamné au bannissement et à la confiscation de ses biens. Néanmoins, Louis XIV commue cette peine en prison à perpétuité.
Jean de la Fontaine perd du même coup ce soutien financier et doit s’orienter vers d’autres mécénats. Il devient ami avec Charles Perrault, qui lui présente Madame de la Sablière, sa nouvelle mécène.
Des fables à l’académie
A 47 ans Jean de la Fontaine publie ses premières fables. Parmi ce premier lot de 124 textes, on trouve les célèbres « Le Corbeau et le Renard », « Le Lièvre et la Tortue ».
Cette première salve sera suivie de deux autres pour arriver au total de 248 fables.
En 1684, enfin reconnu par ses pairs, il entre à l’Académie Française. Il est en désaccord avec Charles Perrault dans la polémique littéraire qui oppose les « anciens » aux « modernes ». Le conteur Perrault défend l’idée d’une littérature moderne et innovante alors que Jean de la Fontaine préfère rester dans l’idée de livres qui s’inspirent des grands écrivains de l’Antiquité.
Décès en 1695
Après une période de pauvreté, Jean de la Fontaine disparait un 13 avril 1695. Lors de la préparation mortuaire de sa dépouille, on découvre sur lui une épitaphe qu’il avait pris soin de rédiger à l’avance.
Jean s’en alla comme il était venu
Mangeant son fonds après son revenu
Croyant le bien chose peu nécessaire
Quant à son temps, bien sut le dispenser
Deux parts en fit, dont il voulait passer
L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire